Histoire d’un père Thai.
« My son is big problem. One day, he came with a baby in his arms. 18 he was. I was surprise! My wife was surprise too!
My son is very stupid, he doesnt think. His girlfriend was only 17. A schoolgirl.
In Thailand big problem. Because in Thailand, you cannot marry when you have under 18. My son has baby, and he is not married. Big problem!
So my wife stopped working, and now she is taking care of baby at home.
After high school, he started to work in KFC. Earn money for his girlfriend and his daughter… »
Toy me raconte ses histoires. Direction Damnoen Saduak, à une heure de Bangkok. Une vie d’un taxi driver thaï.
10 ans de carrière, et avant, il a fait 36 mille métiers. À 18 ans, il rêvait aller à l'université. Mais quand aucun membre de sa famille na jamais poursuivi leurs études, qui oserait dire à ses parents, qu’il voudrait aller à l'université ? On aide ses parents, sa famille, et point à la ligne. On ne discute pas. Son père tenait un petit commerce du coin. Toy a travaillé avec son père pendant des années jusqu'au jour où ils ont définitivement fermé le store du magasin. Il fallait vivre dans la rue, comme des mendiants avec toute la famille. Comment sentait-il quand il a vu son père dormir dans la rue ?
Il a eu un grand frère. Sun, s'appelait-il. Un soir, il a pris sa moto et il a roulé, il a roulé un peu trop vite. Il avait 23 ans, quand il na plus jamais revu la lumière du jour. Le jour de l'accident, sa mère est devenue folle. Complètement folle.
Vous savez comment sente une mère quand elle perd son enfant ? Oui, on devient folle. Sa mère, dans ce grand navrement, a couru en criant dans la rue de Bangkok, vidant toutes les larmes dont ses yeux pouvaient jaillir. Elle avait mal, mal, son coeur, son corps, ses mains, ses yeux, son cerveau. Certainement.
Toy se souvient avoir couru derrière elle, en essayant de la rattraper. Mais sa mère a continué à courir, courir plus vite que lui, jusqu'au bout du monde, cherchant un lieu, où elle pouvait délaisser cette tristesse insupportable.
Depuis, il n'a plus jamais entendu sa voix. Chantait-elle comme un coucou ? Et cette berceuse est partie dans le ciel, avec l'âme de son frère.
Dans le taxi, il me demande si je suis mariée. Je lui réponds, non. En rigolant, il me dit : c'est bien, ne te précipite pas, prends ton temps, et voyage, voyage pour toi. Toy n'a jamais été nulle part ailleurs que Bangkok. Tu as de la chance, regarde, regarde le monde et prends tout ce qui t'intéresse. Et tu seras grande ! me dit-il. Moi aussi, un jour, quand j'aurai un peu d'argent de côté, j'emmènerai ma femme voir le monde.
Avant de travailler dans la compagnie de taxis, il a travaillé dans une entreprise qui vend des bouteilles de whisky. C'était bien, me dit-il. Je pouvais boire du whisky autant que je voulais. Mais c'était dangereux aussi, rajoute Toy. Un soir, après avoir vendu les bouteilles dans une dizaine de bars, et quand j'ai pris ma moto, bourré, au lieu de rentrer chez moi, je suis rentré dans un poteau, et j'ai failli mourir. Ma femme, je n'ai jamais vu aussi fâchée. Elle m’a viré de la maison tellement elle a eu peur. Et depuis ce soir-là, j'ai arrêté ce boulot, elle ne voulait plus que je travaille là-bas.
Mais ma femme est trop sévère ! J’ai peur de rentrer chez moi ! Il rigole. Aujourd'hui, je ne bois plus. J'ai tout arrêté. Mais juste après ma journée, quand on se rassemble avec mes collègues chauffeurs de taxi, chacun donne 5 bahts, et on procure une bouteille de whisky qu'on le partage. Avec le verre le whisky mélangé avec un peu de soda, on se dit voilà la journée terminée. Puis je rentre chez moi. Et juste avant d'aller me coucher, je regarde le visage ma petite fille qui dort paisiblement dans la chambre à côté, et là, je suis un homme heureux. Très heureux.
Crise économique de 97 en Thaïlande. Ce sont des petites gens comme Toy, qui subissent les premiers. Mais à 50 ans, il me dit avec fermeté qu'il est l'homme le plus heureux quand il voit sa petite fille dormir. Sans fortune, sans maison à lui, le bonheur pour Toy, se trouve dans le visage de sa petite fille.
Alors aujourd'hui, j'ai vu le sourire de l'homme le plus heureux du monde.
|